mercredi 4 septembre 2024

Yuka a-t-il tué le bio ?

Pour le secteur alimentaire je ne sais pas, mais pour la cosmétique, la question se pose. Et c’est une simple constatation empirique. Je vois des trentenaires faire leurs courses de beauté le smartphone à la main pour checker la note sur Yuka. Les mêmes n’accordent pas ou peu de crédit aux labels bio, les connaissent-ils vraiment d’ailleurs ? La loi de la modernité ? Peut-être, mais c’est un peu désespérant pour les acteurs du bio, engagés depuis 40 ans et plus, à promouvoir des ingrédients vertueux. Le bon point, c’est que cet engouement pour Yuka a forcé toutes les entreprises ou presque à revoir leur copie et qu’il est bien rare désormais de trouver des compositions « pas clean ». Mais tout ça se fait au détriment d’une filière super engagée et qui souffre économiquement parlant. Et aussi au détriment de l’efficacité des produits. Yuka n’en dit rien car ce n’est pas son rôle et on se retrouve parfois avec un produit aussi bien noté et très pauvre en ingrédients actifs comparé à un autre, bien plus intéressant dans sa composition. La présence d’un ingrédient « douteux » même à très faible dose met immédiatement le produit sur la sellette, au même titre que sa présence à dose massive. Et il faut préciser que l’ingrédient « douteux » n’est pas avéré dangereux par la réglementation européenne (sinon le produit serait interdit). On est donc uniquement sur des risques potentiels et sur une vision assez simpliste de l’industrie cosmétique. On peut aussi critiquer le manque de transparence quant aux critères de notation. Certaines entreprises se retrouvent avec de mauvaises notes sur leurs produits et aimeraient comprendre pourquoi mais joindre Yuka pour obtenir des réponses est particulièrement difficile. La mauvaise note est un arrêt de mort du produit mais la moindre des choses serait de comprendre où est la faute. Voilà pourquoi je trouve le bio plus éthique, la charte de sélection des produits est consultable par tout le monde. Mais, faire certifier un produit bio coûte un peu d’argent alors que la bonne note sur Yuka est -à priori- gratuite; donc les entreprises font tout pour obtenir cette bonne note et ne font plus l’effort de certifier bio leurs formules.

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