dimanche 18 août 2019

Allégations « sans » : la guerre des nerfs…

Depuis le 01 juillet 2019, de nouvelles règles s’appliquent aux cosmétiques visant à interdire les allégations « sans ». Une véritable bombe pour les marques qui font leur beurre sur les peurs des consommateurs (et qui mettent sans parabènes sur leur produit mais le remplacent par un conservateur plus pourri) mais aussi un énorme camouflet à l’industrie florissante de la cosméto bio. Rien n’est simple, il y a des abus de part et d’autre, à vous de vous faire une opinion et d’apprendre à décoder les listes INCI, c’est plus que jamais indispensable. Il y a des choses pas mal dans cette nouvelle réglementation comme l’idée de faire vraiment respecter l’interdiction de mentionner « sans test sur animaux » car c’est la loi depuis longtemps, et on ne peut pas clamer qu’on la respecte (ça reviendrait à dire que les autres ne la respectent pas). Pour rappel, aucun produit européen n’est testé sur animaux. C’est induire le consommateur en erreur que de revendiquer un label cruelty free en Europe. On ne trouvera plus non plus la mention «hypoallergénique» ou «sans allergènes» qui ne veut rien dire et nécessiterait d’en apporter la preuve irréfutable (et c’est bien compliqué). D’autres choses sont plus problématiques. Par exemple, les produits n’ont pas le droit de dire qu’ils ne contiennent pas de substances qui sont autorisées par la réglementation, donc fini le « sans silicones » ou « sans sulfates » pourtant bien pratiques quand on a besoin de ces produits spécifiquement. Idem pour le « sans sels d’aluminium » pour les déos. Du coup, c’est carrément pénible quand on fait ses courses en recherchant cette précision. La raison invoquée, c’est qu’on n’a pas le droit de dénigrer une substance si elle est autorisée dans la catégorie de produits concernée. Résultat, l’industrie du bio crie au scandale, dénonçant une mauvaise interprétation de la loi, remet en cause la valeur légale du texte, se promet d’entrer en résistance et de continuer à revendiquer ce qu’elle ne met pas dans ses formules. Cela dit, je pense que justement le bio peut tirer son épingle du jeu puisque lui seul garantit dans sa charte la non-utilisation de certaines substances. Cela revient à ce que les produits bio soient les seuls qu’on puisse acheter les yeux fermés. Au sujet du « sans sels d’alu », la pub télé a déjà contourné la nouvelle réglementation avec un spot qui dit « aussi efficace qu’avec des sels d’aluminium » et bim ! Les « sans alcool » ou « sans acétone » ou « sans produit d’origine animale » continuent à être autorisés. Parallèlement, la Febea (Fédération des industries de la beauté qui regroupe la plupart des grands acteurs conventionnels du secteur) lance sur son site une vaste base de données regroupant 22000 ingrédients et promet de mettre en ligne toutes les informations à leur sujet, y compris les plus polémiques; ceci afin d’apporter une information la plus transparente possible au consommateur. Bref, à suivre…

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